#9 L’hiver a été rythmé au son …

A Aubignas, le 3 avril 2022

… de la cloche qui tape sur les piquets, de la masse sur les amarres et du fil qui se déroule le long des rangs… Nous n’avons pas vraiment quitté la parcelle depuis l’année dernière. Pourtant, la saison n’a réellement attaqué qu’en mars à la vigne pour nous.

Stéphanie et Jérôme Jouret nous ont invités chez eux pour passer une journée à nous éclairer sur la taille de formation, suite à un apprentissage de la méthode dite de « taille douce » avec Marceau Bourdarias, auquel nous avons participé ensemble cet hiver. Cela nous a permis de tailler pour la première fois notre plantier avec plus de confiance. Nous avons taillé Syrah, Grenache, Roussane et Marsanne pendant la deuxième quinzaine de Mars.

En parallèle, la lune nous a donné rendez-vous le 19 pour planter, avec l’aide de nos voisins, 500 plants de Macabeu, et faire nos remplaces de manquants de la plantation de l’année dernière.

La parcelle est aujourd’hui au complet.

Il va être temps de commencer les passages des préparations biodynamiques. Nous allons passer une valériane ce week-end en prévision des gelées de cette semaine. Viendra ensuite la prêle de Pâques, pour aider la vigne face aux maladies cryptogamiques, et une préparation de bouse de corne, pour réveiller les sols et favoriser le développement racinaire.

N’ayant qu’un hectare et demi à travailler, nous pouvons chouchouter notre parcelle! C’est un luxe.

En juin dernier, pendant nos journées de pioche pour retirer l’herbe au pied des vignes, Noémie Courson (D’un Seul Trait) est venue griffonner notre plantier avec son cheval Iouki. C’était émouvant de voir et d’entendre ce cheval comtois travailler la terre, imposant son pas décidé et dégageant une puissance calme et sereine.

Aussi, pour structurer et nourrir notre sol, et surtout limiter l’érosion de cette parcelle bien en pente, nous avons décidé de semer des engrais verts (féverole, vesse, radis, orge). N’étant pas encore appareillés pour cela, c’est Christophe Compte, des Vigneaux qui nous a proposé de venir semer dans notre plantier, pendant les vendanges ! Quelle chance. Cette entraide et cette générosité de nos chers voisins vignerons et amis continue de teinter régulièrement nos journées aux Bois Perdus.

Aujourd’hui la parcelle est verte et habitée. Tailler parmi les fleurs colorées, les insectes et les chants des oiseaux est un bonheur qui n’a pas de prix. Nous allons essayer de gérer ce couvert végétal toute l’année, notamment cet été pour garder de la fraicheur et essayer de se prémunir face aux éventuelles sècheresse.

L’été 21 n’a lui pas été très chaud. Il a plu régulièrement, et les vendanges ont commencé tard, le 1er septembre (15 jours plus tard que les vendanges 2020).

Les vignes étaient parfois abimées. Par le gel, la grêle du printemps, ou le mildiou qui profitait des températures fraîche et de l’humidité.

De fait, nous n’avons pas pu récolter tous les raisins attendus. Et nous avons récolté des raisins avec des maturités que nous n’avions pas rencontrées jusqu’alors. Des maturités phénoliques bien avancées, mais des raisins qui restent peu chargés en sucre, et donc en alcool. Ce qui donne un millésime léger et aromatique. Ce ne sera pas toujours le cas en Ardèche!

Tout cela n’a pas empêché l’émulation de se créer pendant les quelques semaines de vendanges autour des raisins, des décuvages, des densités, des réveils nocturnes pour aller cliquer le pressoir.

Encore une fois, nous n’avons pas été seuls pour ces vendanges, les copains et leurs enfants sont passés tous les jours accompagnés de leur bonne humeur et de leur énergie pour vider les caisses, fouler le raisin, laver le matériel.

5 cuvées sont ressorties de ses vendanges:

Libellule, une presse directe d’Ugni Blanc, Roussane et Marsanne. Des raisins qui viennent du Domaine de la Bruge (Quentin et Mathieu Robert), à St Remèze.

Illuminée, une macération de 3 jours en grappes entières de Chardonnay de Lilian et Dorothée Raynaud, à Valvignères.

Aphrodite avec les Grenaches de Didier Cazac, de Lagorce, les mêmes que ceux de l’année précédente, mais accompagnés de Syrah des frères Robert.

Malotru, une macération semie carbonique de Carignan, du domaine du Père Benoit, à Saint Hilaire d’Ozilhan, assemblée avec du jus de Syrah & Grenache.

et enfin

Elle Tremble cette année sera un assemblage des Merlots & Gamay des belles parcelles de Armelle et Jean Benoit Plagnol. Une moitié des raisins ont été égrappés et nous les avons laissé macérer dans le jus de l’autre moitié.

Il y aura aussi le Viognier de Jérome Vigne, notre cher (futur) voisin, qui est venu vinifier son premier millésime à la maison.

Nous sommes contents de ces cuvées, qui ont reçu un très bel accueil lors des salons de cette année. Nous avons prévu de mettre en bouteilles en juin, de laisser le temps aux températures de remonter, aux cuves de se réchauffer tranquillement, et aux vins de finir de se mettre en place. Ils seront prêts à partir de chez nous à la rentrée.

Merci à tous pour votre lecture, et à très bientôt,

Noémie et Iouki
Sauvignon
Syrah

Un avis sur « #9 L’hiver a été rythmé au son … »

  1. Merci pour ce partage, c’est toujours un plaisir de lire votre lettre qui permet de percevoir les relations humaines et l’amour avec lequel vous chouchoutez notre ivresse future !
    C’est un cadeau de vous connaitre 🙂

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